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interprétation littéraire et sciences cognitives

éd. francoise lavocat

hermann, 2016


un recueil de contributions sur les sciences cognitives et littérature. néanmoins limité car focalisé sur la fiction, et non la diction.


introduction

le but du volume est de montrer par l’exemple la méthodologie cognitive dans la littérature. quels sont les nouveaux vocabulaires et les nouvelles problématiques d’analyse de texte?

référence à lakoff -> double-coding in art code is a kind of metaphor, closer to litterature than in other code texts.

les bénéfices cognitifs de l’art sont:

1 - penser la littérature, terrence cave

ref: jean-marie schaeffer, pourquoi la fiction?

la littérature est utilisée dans une dimension anthropologique (white alert), et non pas dans son sens historique, impliquant que l’espèce humaine est un animal culturel.

[La littérature] permet de penser des choses qui sont difficile à penser autrement. p. 17

elle est un objet de connaissance, aussi bien sensuel que conceptuel.

ENJEU:

Il faudrait qu’une approche cognitive puisse fournir un ensemble d’outils d’analyses littéraires: un appareil critique et analytique adapté à la lecture efficace et productrice de textes littéraires

dépendence entre pensée rationelle et imagination (Harris), et dépendence entre imagination contrefactuelle et vie quotidienne (i.e. champ sémantique propre au lecteur).

l’imagination est essentielle: le découplage est inhérent à toute représentation mentale qui dévie de la réalité empirique (suspension of disbelief). elle est néanmoins accompqgnée d’une vigilance épistémique, une sorte de reality-check.

l’imagination est ici définie par deux possibités d’entretien de représentations mentales:

avec des scénarios qui dépendent:

(question: si ces représentations sont floues, qu’est-ce qui les rends tellements vives, immersives?)

Elane Scarry utilise Gibson (affordances) pour concevoir un modelage perceptuel -> les simulations les plus effectives sont celles qui dépendent d’une fidélité des sensations (i.e. quand le code utilise une syntaxe plus humaine e.g. ruby)

2 - cognition et sensorimotricité, guillemette bolens

Plus l’acte est complexe et détaillé—est stylistiquement efficace—, plus la simulation est susceptible d’être riche et développée. <- role du style

en gros, la littérature décuple notre imaginaire, en particulier en recréant des sensations par le texte.

3 - le cognitivisme historique est-il possible?

la cognition n’est pas basée sur des règles de programme informatique. puisque le code est étranger, il faut donc un processus de traduction, via l’imagination.

les métaphores sont une sorte d’architecture de la pensée

Lakoff -> nous ne pouvons penser des choses abstraites que parce que nous pouvons l’imaginer dans l’espace (expérience spatiale concrète)

les lectures cognitivistes mettent a jour le fonctionnement d’un cerveau normal

Le concept crucial est l’idée que l’expérience sensorielle est nécessairement appropriée pour réveler la vérité de la nature (la compréhension passe par la surface (+ le contexte pour possiblement adapter cette surface))

question du caché et du manifeste dans le code?

4 - allusion, cognition et mémoire culturelle, ziva ben-porat

la mémoire culturelle est une des composantes évidentes du context sémantique contribué par le lecteur.

l’allusion littéraire, déclenchée par des éléments linguistiques, mais pas un phénomène strictement linguistique. en effet, il s’agit de l’activation simultanée de deux textes. d’une part, il y a des connaissance préalables mais aussi une compétence d’actualisation (mobilizing the knowing-how?).

il y aussi une dimension de controle: il y a une interprétation correcte, et une incorrecte. (control and true meaning: is the meaning what the computer does, or what the human does?)

au début, le contexte est suffisant pour donner une interprétation correcte (la nature véritable de l’allusion est temporairement ignorée)

elle démontre que la forme du marqueur a une grande influence sur la compréhension (p.110)\

Le facteur de connaissance pertinent nécessaire pour actualiser une allusion est l’interprétation locale de l’élément marqué dans son contexte. La reconnaissance totale d’autres aspects n’est pas nécéssaire et peut parfois être source d’erreur. (p.112)

ce qui veut dire que le contexte peut aussi être séparé en contenus. Joan Peskin appelle cela des domaines.

mais surtout, le lecteur doit connaître l’importance de l’allusion (importance de l’idiomatique pour comprendre à quel texte l’allusion fait référence)

Glucksberg: tournures idiomatiques et métaphores: ces allusions (“chaines de mots”) ont un sens autant littéral que autre (sens figuré). mais pas seulement: sens figuré, sens littéral, sens apporté (bagage personel), mais aussi schémas cognitifs qui ne font partie d’aucuns sus-mentionnés (manières de faire, compétences biologiques)). notamment, une des questions qui est intéressante est celle de “la limite d’inquisition”: pourquoi s’arrete-t-on à la reconnaissance du titre d’un texte ou d’un auteur sans devoir aller plus loin? est-ce que c’est parce qu’on est satisfaits par ce niveau d’abstraction?

McKoon & Ratcliffe (1992) -> les inférences globales ne sont faites que si elles sont nécéssaires pour établir la cohérence locale.

5 - quand l’emotion rencontre la fiction, jérôme pelletier

Il présente les réponses émotionelles face aux objets esthétiques comme étant, d’après Carl Plantinga (2009):

ces émotions se distinguent des émotions du monde réel de trois points de vue:

elles sont toutes personellement détachées -> comment réconcilier ca avec le contexte personnel analysé au chapitre précédent? le contexte peut être nécéssaire mais ne pas être émotionel/personnel.

ce détachement se fait, hypothétiquement, par le biais de raisons épistémiques (quelle valeur a une donnée dans le monde que j’habite?), pratiques et pragmatiques.

la programmation est fiction (elle n’existe pas, ontologiquement, c’est l’expérience d’imaginer des contenus dont on n’est pas la source, et d’être—plus ou moins guidé—dans son imagination), et non-fiction car elle est essentielle au problèmes concrets: il est approprié de la traiter des deux manières, possiblement simultanément. c’est en cela que le cadre de la programmation diffère du cadre fictionnel. c’est tout de même un cadre pragmatique de traitement des représentations, au sens où il impose une étiquette cognitive (manière de penser), émotive et pratique. (pas certain de l’émotif, pour la prog).

les guides au cours de la fiction sont appelés guides (Currie, 1990) ou props (Walton, 1990), et se rapprochent du concept de beacon, vu dans le bouquin sur la psychologie de la programmation. (p.126). Ces représentations mentales sont induites (suggérées, comme des traces) plutot que prescrites (évidentes).

il y a donc un détachement personnel cognitif et affectif, mais un rattachement sensoriel via l’artefact.

2 types d’imagination:

conclusion:

les lecteurs recherchent dans la fiction un plaisir des émotions détachées (similaire au phénomène de jeu) ils elles recherchent aussi un gain cognitif qui possède une résonance personelle profonde (le qualificatif “profond” ne semble pas trop s’appliquer au code)

hypothèse de l’existence de certaines émotions de compréhension. -> liant le non-personnel, et le personnel.

6 - fiction comme adaptation, alexandre gefen

trois explications possibles pour l’art:

-> l’art comme attention adaptive

outil d’adaptation et de régulation des comportements sociaux, qui permet à l’espèce de produire un savoir général sur elle-même (pousser le savoir quoi vs. savoir comment). Caroll, encore, rajoute que l’art permet l’accès à un “ordre cognitif total”, et qui implique donc une intelligence collective.

-> l’art comme valeur ajoutée

il rend la vie plus supportable, en compensant ou supplémentant du sens (rajouter de la sémantique sur la syntaxe de la vie)

-> l’art comme empathie

régulation sociale par transfert affectif, par changement de position intellectuel

-> l’art comme gain cognitif pur

Jerome Bruner, en particulier, considère que l’art nous permet de “lire dans l’esprit des autres”. Pour Joseph Carroll, il s’agit de construire une “cartographie cognitive”, permettant de rendre l’expérience intelligible (parce que visualo-spatiale?)

Thomas Pavel: le roman est une boite a outil pour comprendre le monde, et cela se passe par l’habitation du monde dans lequel le roman voit le jour.

La relation esthétique n’est pas une fonction: elle se définit comme une dynamique attentionelle régulée par l’indice d’attractivité de l’activité attentionelle elle-même (Schaeffer, p. 188)

ce qui veut dire que c’est une relation, mais une relation aux fondements auto-téliques.

si la littérature peut nous permettre de penser des processus mentaux et sociaux complexes, un de ces processus peut être le processus de fabrication (back to craft?)